Bien choisir son catamaran

Premiere question: neuf ou d’occasion ?
Un navire neuf se dévalue extrêmement vite, il ne faut pas espérer gagner de l’argent avec un catamaran quand on l’achète neuf, même d’occasion c’est rare.

Par contre il y aura moins de technique à prévoir pendant les 2, 3 premières années. Après, ça sera comme tout navire, tout le temps, il faudra l’entretenir.

Ensuite il y a les options: plus on en met, plus ça coute cher, logique. Mais aussi: pensez à l’après, à l’entretien et au remplacement.
Le marché de l’occasion permet de faire des affaires, parfois en crise il faut savoir attendre le bon moment. Mais avant de choisir de but en blanc un catamaran pour naviguer dans les Antilles il faut se poser les questions suivantes.

Sa taille ?

Il va falloir déterminer vos attentes:

Si vous partez seul faire une escapade, ou si vous partez en famille et comptez recevoir amis, famille avec leur enfant…
Sur un navire trop petit, vous allez vite manquer d’espace, naviguer doucement, il deviendra compliqué de recevoir des amis, de la famille.

Trop grand, vous allez vous retrouver avec une machine à gaz, des réparations dans tout les coins, un navire lourd, impétueux, qui navigue fort, avec des voiles lourdes et imposantes..
Qui dit petit cata, dit aussi petit budget. À l’achat et à l’entretien, voile plus petite donc moins chère, moteur moins puissant, poulie moins grosse. Les manœuvres sont souvent plus faciles avec un petit cata, manœuvre de quai, de voile, prendre une bouée …  mais qui dit petit cata dit aussi moins de place, moins de confort moins d’options qui changent la vie.

Qui dit grand cata dit tout l’opposé.

Une chose importante est le positionnement du poste de barre

Si vous allez être en famille, privilégiez un poste de barre qui donne accès aux espaces de vie, afin de pouvoir toujours garder un œil sur les enfants.

La marque

Soit vous privilégiez une marque de renom pour vous assurer que vous trouverez toujours les pièces un peu partout, prendre un modèle qui a été fait et refait et dont les défauts ont étés facilement identifiés.

Soit vous prenez un prototype, une construction amateur, un catamaran de faible série. Et là, vous partez à l’aventure.

La marque des moteurs : capitale surtout en caraïbe si c’est pas du Yanmar ou du Volvo laissez tomber, vous allez galérer pour les pièces de rechange, rester bloqués plusieurs mois dans un port pour attendre LA pièce commandée sur internet qui n’arrivera jamais parce qu’elle est bloquée en douane et que vous n’avez pas d’adresse fixe (puisque vous vivez sur un catamaran…).

Les moteurs Nanni, Penta, Burchler ou autre oubliez ça dans les Antilles.

Le numéro de série

Ne prenez jamais les premiers numéros de catamarans, les premiers numéros sont toujours ceux qui essuient les pots cassés, le temps que les malfaçons reviennent aux oreilles des constructeurs qui font apporter les correctifs nécessaires. Si vous partez sur un numéro inférieur à 30 /40 unités, assurez vous que les malfaçons (il y en a toujours) aient été revues et corrigées. Rappelez vous, fontaine pajot qui a « offert » à tous les Lavezzi et Lipari un traitement anti osmose car tout les navires présentaient une malfaçon de procédé de séchage de la résine. Ou bien Lagoon, qui en ce moment rappelle tout les 46 parce que plusieurs ont démâté sans raisons apparentes.

Attention à la bricole

Tout le monde sait faire de l’électricité, de la mécanique, des réparations sur le navire, mais personne ne fait correctement. Jamais vous n’entendrez un professionnel monter sur votre navire et vous dire ça c’est bien fait. Jamais (même si c’est un autre professionnel qui a fait).

Alors pour cela, il va falloir vous fier uniquement à ce que vous allez constater.

Regarder les jonctions des fils, est-ce du domino rouillé, ou de la gaine thermo ? Est-ce juste des fils tortillés l’un autour de l’autre? Est ce que les vis qui sont mises en remplacement sont adaptées, pas trop longue, pas trop courte (ça c’est difficile à voir). Est ce que les éléments sont fixés ou pendants par l’opération du saint Esprit?
De toute façon, partez du principe que vous allez devoir apprendre à bricoler.

C’est inimaginable de vous dire que vous allez prendre un navire et qu’il n’y a rien faire, mais si vous voyez un catamaran bricolé par-ci par-là, sachez que vous augmentez considérablement ce facteur bricole.

Fuyez le mec qui vous dit : je connais mon navire par cœur, je sais comment il marche, il a ses trucs à lui.

Oui c’est bien !!!

Lui les sait, mais pas vous.

Et quand vous serez l’heureux propriétaire de ce nouveau  bateau et que le disjoncteur du guindeau a été déplacé sous la couchette avant tribord, derrière la cloison, où il suffit simplement d’enlever deux vis trop petites pour accéder  et que vous allez passez 12h à chercher ce putain de fusible parce que forcément l’ancien proprio ne sera plus joignable pour vous dire où il a caché ce disjoncteur… Vous aller être content.

L’aspect général

Ça c’est la base.

Un navire propre qui sent bon, inspire la confiance. Celui qui pu et est sale donne envie de fuir. Mais méfiez vous de celui qui est nickel de chez nickel, ça peut cacher quelques choses.

Il n’y a pas plus roublard qu’un marin.

Allez jeter un œil sur les passes coques les fermetures des vannes, les fonds de cale, prenez votre temps ne vous sentez pas pressé quand vous examinez un navire, vous trouverez pléthore de forum et sites qui vous donnerons des conseils: où regarder, que faire, etc .

Mais sachez que  beaucoup de choses doivent se jouer sur le feeling et même si c’est une affaire au niveau tarif, si vous ne le sentez pas ne le prenez pas.

Non pas que votre feeling soit le meilleur atout pour acheter ou non un catamaran, mais simplement parce que tout ce qui suivra, à chaque mésaventure, vous vous direz « oui mais je le savais, je le sentais pas au début » et ça ça vous pourrira de l’intérieur, vous ôtera la confiance en votre navire et gâchera votre expérience sur ce catamaran.Forcément, vous allez en vivre des « mésaventures »… pas méchante, mais c’est la vie en mer, c’est la vie des marins, c’est toujours comme ça.

On doit aimer galérer je pense.

Donc si d’entrée vous avez une réticence elle sera renforcée par la suite logique de la vie en mer, alors que si vous avez de l’amour pour ce catamaran, ça passera tout seul.